- Ambre -

     La cité volante était tout simplement magnifique et rayonnante : elle m'apparut comme une lumière de joie dans ma sombre existence. Le château ne me déçut pas non plus : tout était si gai et vivant ! Et les gens semblaient si intéressants ! Je m'empressais aussitôt de prendre possession de mes appartements : ils étaient spacieux et agréables convenant tout à fait bien a une petite fille de mon âge : un beau lit à baldaquin, une petite commode, un magnifique tapis, une rangée d'armoires, une horloge, un bar (!) vide, un petit salon avec grande verrière et bibliothèque, une salle de bain, un grand balcon, le tout dans une ambiance rosée.

     J'eus à peine le temps de découvrir ma chambre que Random me présenta à Llewella, superbe princesse dans ses habits de bleu, de vert et de gris. Ses magnifiques cheveux verts étaient nattés et retombaient sur son épaule. Random me laissa alors en sa compagnie non sans oublier de me donner auparavant un Atout de Robin que je lui avais réclamé. En grande fouineuse que je suis (et que je resterai), j'emmenai Llewella pour une visite rapide mais instructive du château : je passai chez le couturier, au deuxième étage, à la bibliothèque, etc. etc. C'est alors que je débouchai dans la salle de musique : un petit garçon y jouait un air de piano.
Il s'appelait Zeo Leo et il était le fils de Mandor, qui était juste à côté de lui. Très drôle, il avait pourtant l'air un peu perturbé. Peut-être que son attitude m'influença alors légèrement puisque je me rappelle qu'en ce jour se déroula l'un des épisodes les plus drôles de ma tendre enfance : abaissant mes vêtements, j'exhibai sans honte la partie la plus secrète de mon anatomie devant Zeo Leo, qui resta stupéfait : "C'est ça une fille", lui dis-je. Et il me traita de folle, ce qui venant de sa part devait être un compliment (du moins c'est ainsi que je le pris). Je me souviens que si Mandor ria de mon soudain exhibitionnisme, ce ne fut malheureusement pas le cas de Llewella. En effet, légèrement choquée, elle m'expliqua dans la lancée et sur un ton un peu pincé, les règles de la pudeur et de l'étiquette ambrienne. N'empêche que si je devais le refaire, pour mon bien ou celui d'un autre, je le referais. Foi de Kasumi ! Ceci étant dit, aujourd'hui que du temps a passé depuis ce "ô combien tragique" événement, je ne peux que sourire en me disant que la pauvre Llewella n'a pas toujours dû être déçue par mon comportement !

     Après cela, la belle Ambrienne me ramena à ma chambre puis s'en alla Elle n'oublia cependant pas de me mettre en garde sur le fait que je devais toujours garder une attitude correcte en société…
Je me retrouvais donc à nouveau dans ma chambre, seule.
La pièce était bien vide. Après avoir réglé l'horloge, j'appelai un serviteur pour qu'il arrange la situation et ainsi, en peu de temps, tous mes meubles étaient livrés. Alors que je commençai à tout mettre en place, j'entendis des bruits dans la pièce d'à côté.
C'était une chambre occupée par une petite fille à l'air hautain, nommée Morrigan, la fille de Marelsa. En discutant un peu, elle m'apprit quelques nouvelles sur la vie en Ambre : tous les jours des enfants du même âge que nous allaient à l'école, en ville, pour étudier toutes les choses qu'un Ambrien doit savoir. Elle était l'une des meilleures de la classe, renchérit-elle avec fierté, essayant de se donner une certaine importance. Parmi mes futurs camarades (j'allais en effet faire partie de la classe), il y avait Mordred, le fils du défunt Bleys (tué par un Chaosien). Il ne désirait qu'une seule chose, venger son père : c'est pourquoi il s'exerçait sans relâche à l'épée, tous les jours lors d'entraînements durs, longs et éprouvants. Il avait par ailleurs fort mauvais caractère. Son père étant mort, c'est Marelsa, la propre mère de Morrigan qui l'avait élevé.
A part lui, il y avait Mwet, un garçon assez mignon mais qu'elle trouvait fayot. Les autres élèves, comme Zeo Leo, l'intéressaient peu et elle ne jugea pas opportun de m'en parler…
La discussion s'acheva sur un petit baiser que je lui fis sur la joue : elle perdit alors un peu de sa contenance et de son assurance, m'arrachant pour l'occasion un léger sourire d'amusement.

 

                  
             Et voilà ma chambre !!

 

       Je passai le reste de la journée à organiser ma chambre : la soirée arriva rapidement et il fut bientôt l'heure de dîner. Le cuisinier, Demitri, me proposa divers plats : je les pris tous en quantité énorme ce qui ne manqua pas de l'étonner !
Puis tomba la nuit…et le sommeil avec. La journée avait été l'une des plus chargées et des plus lourdes de toute ma petite existence. En comparaison de mon ancienne vie, il fallait bien avouer que ce n'était pas difficile.
Cette nuit-là non plus ne fut pas comme les autres…un rêve étrange m'envahit…une voix neutre qui me parle…"Kasumi, tu es ma petite fille et un jour je te demanderai d'être ma mère. Ton père est avec moi et nous te protégeons…"…étranges et mystérieuses sont les limbes infinies du rêve…bizarre fut le réveil…la bouche pâteuse et le corps moite…une impression d'être ailleurs, les songes encore trop présents dans la tête…enfin la chambre se redessine …les contours redeviennent plus nets…l'obscurité s'en va…
Le jour ne devait pas tarder à pointer.